Communiqué du CCSQY, le mardi 4 juillet 2023
Rien ne justifie, injustifiables, stupides… Ce sont les termes utilisés par des élu·es locaux·les et par le gouvernement pour décrire la révolte qui gronde dans nos banlieues.
Tout le monde appel à l’ordre républicain, à cesser les violences. Mais pourquoi ? Pour revenir à un statu quo, à une société divisée entres dominants et oppressés ?
Nous choisissons de faire un appel à la raison et au courage.
Aussi choquants que soient ces événements, ils sont à la mesure des violences policières, sociales que subissent au quotidien les habitant.es des quartiers populaires.
Les poubelles brûlent aujourd’hui. Mais c’est aujourd’hui qu’il faut être courageux, ensemble, pour parler des causes et pas des conséquences. Ces conséquences qui font la joie des fascistes et réactionnaires, trop heureux de pouvoir stigmatiser un peu plus des populations qu’ils détestaient déjà avant.
Ces quartiers populaires, des citoyen·nes que l’on met encore au ban de la société, les accusant de brûler des poubelles, alors que des milices fascistes sortent le soir pour agresser des personnes racisé·es (Anger, Lyon…).
Ces citoyen·nes méritent plus que notre naïveté, ils méritent notre écoute. Ils méritent que nous entendions leur colère.
Les raisons de la colère
- La mort d’un jeune, encore un, avec respectivement 18 et 26 personnes abattues en 2021 et 2022.
- Le mensonge des policiers et tout un système. Le racisme systémique, l’esprit de corps des FDO qui empêche toute contestation. Sans témoignage vidéo, Nahel serait-il victime ou coupable ? Combien de meurtre, de traumatisme cachés par l’État ?
- L’utilisation d’un article de loi comme un permis de tuer (article 435.1 du code de la sécurité intérieur)
- La révélation dans les jours suivants de la violence endémique de la police : un syndicat félicite chaleureusement le policier d’avoir tué un jeune, deux autres appellent à combattre les « nuisibles », donc à la stigmatisation et à la violence, menacent ouvertement le gouvernement de sédition sans même démissionner ou rendre leurs armes. Aujourd’hui une cagnotte promets 900.000 euros à un policier accusé de meurtre. Dans le même temps, un jeune a écopé en CI de 6 mois de prison ferme pour un vol de télévision.
- Parce que la police est en France au service d’un gouvernement et d’un système. Elle est utilisée pour intimider et opprimer toute parole divergente et pour protéger un système capitaliste qui ne tient que par la force des LBD.
- Parce que la médiatisation et la sanction des désordres commis par les plus pauvres est actée alors que les entreprises, les puissants politiquement ou économiquement créent des désordres sans commune mesure à l’intérieur du pays et même en dehors, par millions d’euros ou en portant atteinte à la santé en toute impunité.
- En donnant des ordres pour intimider, nasser et même parfois blesser des manifestant·es calmes, les forces de l’ordre ont perdu beaucoup de soutien et de crédibilité au sein de la population. L’année 2022 compte un nombre record de démissions.
- L’intox montée par le ministre de l’intérieur pour traiter des personnes fondamentalement pacifistes de terroristes a créé un stress et un fanatisme irrationnel au sein de la police.
Des collectivité locales, des maires abandonnés par le gouvernement
Les discours guerriers contre la délinquance ne sont que poudre aux yeux pour mieux cacher le démantèlement des services publics de proximité.
Nous savons les difficultés des élus locaux abandonnés par les pouvoirs publics.
Les maires ne peuvent pas rester le pansement sur une jambe de bois ! Le changement politique viendra d’eux et sûrement pas de ce gouvernement. À eux nous disons, soyez courageux et soyez à coté de vos citoyens malgré les appels à la dissension du gouvernement.
Le gouvernement à bout de souffle
Il s’est servi à outrance des forces de l’ordre pour se dispenser de nuancer, dialoguer, réfléchir, comprendre, maintenant il se trouve pieds et poings liés devant elles. Il se contente d’affirmations gratuites qui se succèdent, parfois manifestement fausses, parfois contradictoires… Le long refus d’Emmanuel Macron de discuter, de débattre pendant la campagne présidentielle révélait, en fait, une véritable incapacité qui s’étend en l’occurrence à tout le gouvernement.
La Ve République agonise et l’État ainsi que ses représentant.es sont acquis aux idées sécuritaires, racistes et autoritaires, ne sont plus capables de tenir compte de la réalité. Il suffit de constater la différence de traitement par le gouvernement entre l’attaque perpétrée contre le maire de L’Haye-les-Roses et celle, toute similaire, contre le maire de Saint-Brévin.
Il devient urgent de se poser la question d’une VIe République ou d’une Seconde Commune.
Nous demandons avant toute chose de revenir à la raison par :
- Le désarmement de la police : interdiction des armes presque létales et des armes de guerre, pistolets, tasers, flashballs, grenades
- L’abolition de la loi Cazeneuve qui autorise les policiers à ouvrir le feu en cas de refus d’obtempérer
- La suppression de la BAC et des BRAV-M
- Des garanties d’impartialité et d’indépendance des enquêtes conduites suite à des plaintes concernant les forces de l’ordre (police des police indépendante, dépaysement immédiat des affaires de violences policières).
- Acceptons enfin de parler du racisme systémique des forces de l’ordre. Exigeons la fin des contrôles aux faciès, des arrestations arbitraires et le droit à la société civile de contrôler les méthodes de la police.
Ne soufflons pas sur les braises et réfléchissons avant un autre drame.
Ce sont à ces seules conditions qu’un appel au calme et à la reprise du dialogue nous parait audible et raisonnable.
Collectif de Coordination de Saint-Quentin-en-Yvelines et alentours (ccsqy.com)
Retrouvez des images de notre précédente action pour dénoncer l’assassinat policier